“ Ne pas oser c’est déjà perdre. Réjouissons-nous de tout projet ambitieux, voire utopique, car les choses ne bougent que si l’on rêve."

De l’architecture romane de l’abbaye de Fontenay, où elle passe son enfance, Andrée Aynard, retient la lumière, le minimalisme et le silence, comme des valeurs qui fondent sa pratique. Sa curiosité engagera son futur, confirmant une pensée et une personnalité hors du commun.

Ses expériences sont autant de fragments, de lectures en révélations, qui tracent sa voie. L’écriture pour le magazine « L’œil », la découverte du monde de l’art, initiée par son mari Jacques Putman et la rencontre d’artistes : Bram van Velde, Pierre Alechinsky et Niki de Saint-Phalle. L’analyse de l’air du temps, des tendances, appréhendées sous l’œil vif de Maïme Arnodin et Denise Fayolle qu’elle rejoint en 1968, à la création de l’agence Mafia. L’engagement enfin en 1971, avec Didier Grumbach pour une approche engagée et interdisciplinaire entre mode et design avec la société « Créateurs et Industriels » dont elle devient directrice artistique. L’objet en est la reconnaissance des jeunes créateurs : Marc Held, Thierry Mugler, Jean-Charles de Castelbajac, Michel Klein, Emmanuelle Kahn …

« Je m’aperçus dès 1982-83 que j’étais récompense suprême en train de rendre célèbres des noms que j’épelais avec rage deux ans plus tôt. »

Sa silhouette et sa voix, sont sa marque, la preuve absolue d’une existence, d’une présence qui compte désormais. En 1978 elle fonde la société ECART International. Avec cette maison d’édition, elle comble un vide dans l’histoire du design en produisant un mobilier conçu par des ensembliers de la période des arts décoratifs oubliés, des années 20 et 30 : Robert Mallet-Stevens, Jean-Michel Frank, Pierre Chareau, Mariano Fortuny, Eileen Gray… Elle présente ses premiers meubles et objets qui deviennent des icônes, dans un hangar show-room, dans le Marais à Paris.

Ni vraiment designer, ni tout à fait architecte, Andrée Putman a un don remarquable de styliste pour l’architecture intérieure. Assistée de l’architecte Jean-François Bodin, elle développe une nouvelle agence d’architecture intérieure. Son esprit, sa culture s’impose aux lieux autour des valeurs de l’élégance, de la sobriété et du raffinement dans le détail. Elle impose une palette de fond, intemporelle et pérenne : noir, blanc, gris et beige. Les créateurs sont ses premiers clients : Thierry Mugler, Azzedine Alaïa, Karl Lagerfeld…  

Avec Bruno Moinard à partir de 1980, se poursuit la suite narrative des chantiers, on identifie sa voie, son dessein. La réalisation la plus significative est l’Hôtel Morgans de New York (1984). Insatiable dans le travail et exigeante, elle accomplit de nombreux ouvrages : bureaux, hôtels, restaurants, galeries en France et à l’étranger. En 1991,
Andrée Putman vend ECART International. Elle disparaît en 2013.