Eileen Gray

Eileen Gray

« C’est merveilleux de pouvoir s’échapper quand on aime la solitude. Toute ma vie j’ai aimée être seule, dégagée des obligations que la société impose. la solitude m’a donné une certaine énergie. »

Volontaire et déterminée, la jeune aristocrate irlandaise née en 1878 arrive à Londres en 1900 pour étudier le dessin. Elle explore le Victoria and Albert Museum, où elle découvre pour la première fois l’histoire du mobilier ainsi que les paravents en laque de Chine et du Japon. La technique de la laque, caractérisée par sa temporalité lente, la fascine. Elle s'initie à cette pratique chez D. Charles, un artisan restaurateur. En 1902, elle s’installe à Paris avec deux amies et suit les cours de l’Académie Julian, un lieu réputé pour son ambiance libre et novatrice. Très libérée sur le plan sexuel, elle entretient plusieurs relations mais ne se mariera jamais. Elle explore les musées, fréquente les galeries, les salons, et assiste à son premier Salon d’Automne en 1903.

En 1907, Eileen loue un appartement au 21 rue Bonaparte à Paris, qu’elle achète trois ans plus tard et où elle vivra pendant 70 ans. Elle loue également un atelier rue Guénégaud pour son maître, Seizo Sugawara, un jeune laqueur japonais. Ensemble, ils explorent la profondeur de la matière et Eileen devance Jean Dunand (1877-1942) dans ses expérimentations. Ses paravents portent des noms poétiques, tels que La Voie lactée et Le Destin. Ce dernier est acheté par le célèbre couturier Jacques Doucet en 1914. Après la guerre, Doucet lui commande des pièces pour son « studio moderne », dont La Table aux lotus, La Table aux chars et La Petite table au bilboquet.

1907

Eileen Gray se découvre une passion pour le textile et fonde avec Evelyn Wyld un atelier au 17 rue Visconti.

1921

Gray inaugure la galerie Jean Desert, rue du Faubourg Saint-Honoré.

1923

Elle s’impose au Salon des Artistes décorateurs avec sa « chambre à coucher boudoir pour Monte-Carlo »

1926 - 1927

Gray réalise son chef d'oeuvre architectural, la Villa E1027 à Roquebrune-Cap-Martin.

1929

Gray devient membre fondatrice de l'Union des Artistes Modernes.

1934

Eileen Gray fait construire une maison, "Tempe a Pailla".

Vers 1907, le textile devient une autre passion pour Eileen Gray. Avec son amie d’enfance Evelyn Wyld, elle se rend au Maroc pour s’initier aux techniques de tissage. Ensemble, elles montent un atelier au 17 rue Visconti, dirigé par Evelyn. Les compositions textiles d’Eileen sont résolument abstraites.

Bien qu’elle contribue au style Art déco, l’appartement qu’elle conçoit pour Mme Mathieu-Levy rue de Lota (1920-1924) incarne une subtile alchimie entre simplicité, rigueur et sophistication. On y trouve des paravents en briques, un lit pirogue en bois laqué, et des fauteuils ornés de serpents.

Pour commercialiser ses créations, elle inaugure en 1921 la galerie Jean Desert, rue du Faubourg Saint-Honoré, avec la complicité de l’architecte Jean Badovici (1893-1956). La galerie propose « meubles, laques, paravents et tapis », ainsi qu’un service de « décoration et installation d’appartements ». Parmi ses clients figurent Raymond Poincaré, Maurice Thorez, Roger Martin du Gard, Henri Pacon, Charles Moreux, et Henri Laurens. Sa renommée s’étend, et le Chicago Tribune décrit en 1922 sa galerie comme « un séjour dans le jamais vu ».

En 1923, elle s’impose au Salon des Artistes décorateurs avec sa « chambre à coucher boudoir pour Monte-Carlo ». Félicitée par Pierre Chareau et Francis Jourdain, elle amorce un réel changement dans sa carrière. Inspirée par les artistes des Vhutemas et du mouvement De Stijl, elle commence à produire des meubles édités en série, à l’instar de Francis Jourdain et des « Ateliers modernes ».

Sous l’impulsion de Jean Badovici, Eileen se lance dans l’architecture. Son premier projet de maison, en 1923, s’inspire du plan de La Petite Maison d’Adolf Loos. Son chef-d’œuvre est la Maison E1027 à Roquebrune-Cap-Martin (1926-1927), construite sur pilotis et caractérisée par son aménagement fonctionnel et l’utilisation de nouveaux matériaux et techniques. Elle y conçoit des meubles innovants comme la chaise Transat, le miroir « satellite », le fauteuil Bibendum et le siège à un accoudoir.

De 1926 à 1929, elle dessine des prototypes de meubles en tube vendus à sa galerie, qualifiés de style « camping ». Ces pièces sont modulables : elles se plient, se retournent, s’enclenchent et se rétractent selon une logique de système. En 1929, elle devient membre fondatrice de l’Union des Artistes Modernes, quitte Jean Badovici et ferme la galerie en 1930, abandonnant également son atelier de laque.

De retour dans le sud de la France, elle fait construire en 1934 une maison, Tempe a Pailla, sur des fondations anciennes près de Castellar. Chaque pièce y est conçue comme une maison en soi, alliant espaces intérieurs et extérieurs. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Eileen continue de dessiner, de peindre et de réfléchir. En 1954, elle construit sa dernière maison près de Saint-Tropez, d’une grande simplicité. Jusqu’à sa mort, le 31 octobre 1976, elle continue à travailler sur de nouveaux projets. 

Eileen Gray

1878 – 1976

Eileen Gray

Eileen Gray

« C’est merveilleux de pouvoir s’échapper quand on aime la solitude. Toute ma vie j’ai aimée être seule, dégagée des obligations que la société impose. la solitude m’a donné une certaine énergie. »

Volontaire et déterminée, la jeune aristocrate irlandaise née en 1878 arrive à Londres en 1900 pour étudier le dessin. Elle explore le Victoria and Albert Museum, où elle découvre pour la première fois l’histoire du mobilier ainsi que les paravents en laque de Chine et du Japon. La technique de la laque, caractérisée par sa temporalité lente, la fascine. Elle s'initie à cette pratique chez D. Charles, un artisan restaurateur. En 1902, elle s’installe à Paris avec deux amies et suit les cours de l’Académie Julian, un lieu réputé pour son ambiance libre et novatrice. Très libérée sur le plan sexuel, elle entretient plusieurs relations mais ne se mariera jamais. Elle explore les musées, fréquente les galeries, les salons, et assiste à son premier Salon d’Automne en 1903.

En 1907, Eileen loue un appartement au 21 rue Bonaparte à Paris, qu’elle achète trois ans plus tard et où elle vivra pendant 70 ans. Elle loue également un atelier rue Guénégaud pour son maître, Seizo Sugawara, un jeune laqueur japonais. Ensemble, ils explorent la profondeur de la matière et Eileen devance Jean Dunand (1877-1942) dans ses expérimentations. Ses paravents portent des noms poétiques, tels que La Voie lactée et Le Destin. Ce dernier est acheté par le célèbre couturier Jacques Doucet en 1914. Après la guerre, Doucet lui commande des pièces pour son « studio moderne », dont La Table aux lotus, La Table aux chars et La Petite table au bilboquet.

1907

Eileen Gray se découvre une passion pour le textile et fonde avec Evelyn Wyld un atelier au 17 rue Visconti.

1921

Gray inaugure la galerie Jean Desert, rue du Faubourg Saint-Honoré.

1923

Elle s’impose au Salon des Artistes décorateurs avec sa « chambre à coucher boudoir pour Monte-Carlo »

1926 - 1927

Gray réalise son chef d'oeuvre architectural, la Villa E1027 à Roquebrune-Cap-Martin.

1929

Gray devient membre fondatrice de l'Union des Artistes Modernes.

1934

Eileen Gray fait construire une maison, "Tempe a Pailla".

Vers 1907, le textile devient une autre passion pour Eileen Gray. Avec son amie d’enfance Evelyn Wyld, elle se rend au Maroc pour s’initier aux techniques de tissage. Ensemble, elles montent un atelier au 17 rue Visconti, dirigé par Evelyn. Les compositions textiles d’Eileen sont résolument abstraites.

Bien qu’elle contribue au style Art déco, l’appartement qu’elle conçoit pour Mme Mathieu-Levy rue de Lota (1920-1924) incarne une subtile alchimie entre simplicité, rigueur et sophistication. On y trouve des paravents en briques, un lit pirogue en bois laqué, et des fauteuils ornés de serpents.

Pour commercialiser ses créations, elle inaugure en 1921 la galerie Jean Desert, rue du Faubourg Saint-Honoré, avec la complicité de l’architecte Jean Badovici (1893-1956). La galerie propose « meubles, laques, paravents et tapis », ainsi qu’un service de « décoration et installation d’appartements ». Parmi ses clients figurent Raymond Poincaré, Maurice Thorez, Roger Martin du Gard, Henri Pacon, Charles Moreux, et Henri Laurens. Sa renommée s’étend, et le Chicago Tribune décrit en 1922 sa galerie comme « un séjour dans le jamais vu ».

En 1923, elle s’impose au Salon des Artistes décorateurs avec sa « chambre à coucher boudoir pour Monte-Carlo ». Félicitée par Pierre Chareau et Francis Jourdain, elle amorce un réel changement dans sa carrière. Inspirée par les artistes des Vhutemas et du mouvement De Stijl, elle commence à produire des meubles édités en série, à l’instar de Francis Jourdain et des « Ateliers modernes ».

Sous l’impulsion de Jean Badovici, Eileen se lance dans l’architecture. Son premier projet de maison, en 1923, s’inspire du plan de La Petite Maison d’Adolf Loos. Son chef-d’œuvre est la Maison E1027 à Roquebrune-Cap-Martin (1926-1927), construite sur pilotis et caractérisée par son aménagement fonctionnel et l’utilisation de nouveaux matériaux et techniques. Elle y conçoit des meubles innovants comme la chaise Transat, le miroir « satellite », le fauteuil Bibendum et le siège à un accoudoir.

De 1926 à 1929, elle dessine des prototypes de meubles en tube vendus à sa galerie, qualifiés de style « camping ». Ces pièces sont modulables : elles se plient, se retournent, s’enclenchent et se rétractent selon une logique de système. En 1929, elle devient membre fondatrice de l’Union des Artistes Modernes, quitte Jean Badovici et ferme la galerie en 1930, abandonnant également son atelier de laque.

De retour dans le sud de la France, elle fait construire en 1934 une maison, Tempe a Pailla, sur des fondations anciennes près de Castellar. Chaque pièce y est conçue comme une maison en soi, alliant espaces intérieurs et extérieurs. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Eileen continue de dessiner, de peindre et de réfléchir. En 1954, elle construit sa dernière maison près de Saint-Tropez, d’une grande simplicité. Jusqu’à sa mort, le 31 octobre 1976, elle continue à travailler sur de nouveaux projets.