Artiste peintre, dessinateur de meubles, architecte décorateur, publicitaire, décorateur de cinéma et de théâtre, Félix Aublet accomplit une œuvre à la fois tendue et sincère. Pragmatique autant qu’artiste, il crée une alchimie entre matière, couleur et fonction, associant une connaissance technique approfondie à un sens esthétique aigu.
Au début du XXe siècle, il grandit dans un univers familial rythmé par les choix de son père, Albert Aublet, célèbre peintre de genre et orientaliste. Chaque année, suivant la volonté paternelle, la famille quitte Neuilly pour passer 6 mois à Tunis dans un palais acheté en 1905. Encouragé par son père, Félix entre à l’École des Beaux-Arts. Il s’intéresse à la peinture précubiste de Cézanne et au réalisme de Derain, et apprécie de fréquenter les élèves architectes, amis de son frère. Il rencontre alors Alfred Audoul, Jack Gerodias, Ponsard, Georges-Henri Pingusson et René Hartwig.
Il rompt radicalement avec l’environnement artistique de son enfance et se passionne pour les progrès techniques, notamment le cinéma, l’aviation et l’automobile. Admirateur du modernisme et de Le Corbusier, il dessine en 1929 ses premiers meubles d'une austère et rigoureuse simplicité, présentés au premier Salon de l’UAM en 1930. Il dépose également un brevet d’invention pour « un ensemble de meubles en tôle faits d’éléments standards et des sièges en tube réglables ». En 1931, il conçoit la « lampe boule » pivotante sur platine, avec un tube courbe et un abat-jour orientable en demi-sphère, qui rencontre un grand succès.
Son atelier reçoit de nombreuses commandes d'architecture intérieure. En 1932-1933, il dessine les appartements de François Pernod et de François Barret à Paris. Il conçoit du mobilier scolaire pour l'école de Suresnes, construite par Beaudoin et Lods en 1935. Pour le nouvel immeuble de la CPDE (Compagnie parisienne d’électricité), il dessine des bureaux pour les dactylos, avec classeurs et casiers, fabriqués par la société Strafor. Entre 1934 et 1936, il crée les bureaux de la Compagnie fermière de Vichy et des chambres pour la fondation de l’Hôpital Foch à Suresnes.
En 1935, Félix Aublet et Robert Delaunay fondent l’association « Art et Lumière ». Ils partagent de nombreux intérêts communs. Lors de l’Exposition internationale des arts et techniques de 1937, Audoul est chargé du pavillon de l’aéronautique et celui des chemins de fer, en collaboration avec Jack Gerodias. Robert Delaunay et Félix Aublet exécutent de gigantesques panneaux peints, aidés par une quarantaine d’artistes, dont Bissière, Estève, Le Moal, Manessier et Survage. Les maquettes sont signées « Art et Lumière, Delaunay et Aublet ». Ces grands décors permettent aux artistes modernes d'engager un dialogue avec le public.
Sous l’Occupation, Aublet sollicite ses amis peintres pour le cabaret de l’Aigle d’Or à Nice en 1942 (avec Nicolas de Staël) et pour celui du Théâtre des Champs-Élysées en 1945 (avec Bissière, Manessier et de Staël). Son style évolue.
Très apprécié, il est sollicité pour des projets de décors de cinéma et de théâtre. En 1947, grâce à ces projets, il rencontre sa future femme, la Franco-Américaine Jane Lithiby. En 1932, il invente la « publicité qui roule » pour François Pernod et, à partir de 1948, applique cette stratégie à de nombreuses marques, dont Cinzano. Il s’installe à Aix-en-Provence en 1954.
À la suite d’un accident en 1959, il devient paraplégique mais reprend alors son activité de peintre.